HARMONIUM Trio André JAUME - Alain SOLER - Raphaël IMBERT
Extrait en écoute : The Fool On The Hill
HARMONIUM Trio
André JAUME - Alain SOLER - Raphaêl IMBERT
- Stella Hymnis
- Crystal Silence
- First Song
- Angel Eyes
- Art Mots Nient Homme
- Infant Eyes
- In Germany Before The War
- Aura Lee
- Blame It On My Youth
- Lilou
- The Fool On The Hill
André JAUME : Saxophones, Clarinette Basse
Raphaël IMBERT : Saxophones, Clarinette Basse
Alain SOLER : Harmonium
Enregistrement, Mixage, Mastering : Antony SOLER - Studio ECS - Janvier 2012
Composition graphique : Jean BUZELIN
Contrairement aux apparences dont il faut toujours se méfier, l'harmonium et le saxophone ont des points communs : apparaissant en même temps, en 1840, ils sont presque frères ! Le premier est construit par Alexandre Debain à Paris, le second est mis au point la même année par Adolphe Sax qui en déposera le brevet à paris en 1846, et et avec ça ce sont deux instruments à anches !
Ils ont pourtant mis bien longtemps à se rencontrer.
Instrument à cinq octaves doté d'une douzaine de registres, l'harmonium est un orgue à anches métalliques libres, sans tuyaux, dont la soufflerie est actionnée par une paire de pédales. Si on le rencontrait souvent derrière un pilier d'église de province, il fut aussi un instrument de salon qui tenta des compositeurs comme Saint-Saëns. Mais que vient il faire dans le jazz ?
Pourtant, tous les amateurs ont dans l'oreille l’inoubliable version de Saint-Louis Blues gravée par Bessie Smith, accompagnée par Louis Armstrong au cornet et Fred Longshow au reed organ. C'est avec l'autre face du disque, le non moins fameux Reckless Blues, a peu près tout. Les anches n'atteignant pas instantanément leur intensité maximale, il se produit un temps de latence qui ne permet pas l’exécution de passages rapides, et l'harmonium, contrairement à son cousin l'accordéon, ne trouvera jamais sa place dans le monde du jazz...
Même s'il est ressorti du placard dernièrement dans quelques expériences musicales «contemporaines improvisées», on se demande quelle mouche a piqué Alain Soler pour remettre en marche ce clavier poussif qui traînait dans un coin du studio de l'AMI, et inviter deux grands jazzmen saxophonistes André Jaume et Raphaël Imbert, à s'accorder avec lui. Car, comme le nom l'indique, il s'agit bien d'harmonie dans ces retrouvailles des deux instruments qui s'étaient tourné le dos depuis leur naissance.
Et ils ont trouvé matière à s'entendre, en prenant leur temps - évidemment - l'harmonium fournissant les accords, l'expressivité, les couleurs et l'assise jamais pesante, sur lesquels les différents saxophones dialoguent, s'interpellent, se répondent, se suivent, se chevauchent, l'un exposant un thème et quelques variations, l'autre improvisant, l'un menant le jeu, l'autre tissant un contre-chant, l'un changeant de ton, l'autre doublant le rythme... Pour cela les trois musiciens se sont choisis un répertoire parfait : air du 19e siècle remis bien plus tard à la mode (8), standards (4, 9) et pop songs modernes (7, 11), thèmes de jazz contemporain (2, 5, 6), chacun ayant proposé également une composition personnelle. Une diversité à laquelle l'harmonium donne une grande cohérence.
Voila donc un disque singulier, étonnamment vivant, qui baigne dans des tonailtés à la fois graves et légères, ce qui est le propre du meilleur jazz - sa raison d'être ?